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Depuis leur indépendance respective, la Chine et l’Inde ont connu des relations fluctuantes, marquées par des tensions géopolitiques mais aussi par une coopération économique croissante. Ces deux pays représentent aujourd’hui près de 40% de la population mondiale et sont considérés comme les moteurs de la croissance économique en Asie. Dans cet article, nous analyserons l’évolution des relations sino-indiennes à travers leurs principales périodes historiques depuis 1947.
Des débuts prometteurs aux tensions frontalières
Les relations sino-indiennes ont débuté sur une note positive après les indépendances chinoise (1949) et indienne (1947). L’Inde fut le premier pays non socialiste à reconnaître la République populaire de Chine et à établir des relations diplomatiques avec elle en 1950. La célèbre formule du Premier ministre indien Jawaharlal Nehru « Hindi-Chini bhai-bhai » (« Les Indiens et les Chinois sont frères ») illustre cette amitié initiale.
Cependant, cette amitié s’est rapidement détériorée en raison de différends frontaliers hérités de la colonisation britannique. Le plus important d’entre eux concerne le tracé de la ligne McMahon, qui sépare l’Arunachal Pradesh indien du Tibet chinois. En 1962, ces tensions aboutissent à une guerre sino-indienne, remportée par la Chine, qui occupe alors une partie du territoire indien.
Le rapprochement diplomatique et économique
Malgré les tensions frontalières, l’Inde et la Chine ont cherché à maintenir une certaine stabilité dans leurs relations. Le premier signe de ce rapprochement intervient en 1976 avec la visite du Premier ministre indien Morarji Desai en Chine. Les deux pays rétablissent alors leurs relations diplomatiques et commencent un dialogue sur la question des frontières.
Les années 1980 marquent le début d’une coopération économique entre les deux géants asiatiques. La politique de libéralisation économique initiée par le Premier ministre indien Rajiv Gandhi en 1985 et les réformes chinoises lancées par Deng Xiaoping à partir de 1978 ouvrent de nouvelles perspectives d’échanges commerciaux entre l’Inde et la Chine. Le volume des échanges bilatéraux passe ainsi de moins de 1 milliard de dollars en 1990 à plus de 95 milliards de dollars en 2019.
Des relations entre rivalités régionales et coopération internationale
Au-delà de leurs différends frontaliers et malgré une concurrence régionale croissante, l’Inde et la Chine ont su trouver des domaines de coopération sur la scène internationale. Les deux pays sont membres du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) depuis 2006, qui vise à renforcer la coopération économique et politique entre les principales puissances émergentes.
Les deux pays ont également développé une collaboration dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), notamment en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la criminalité transfrontalière. Toutefois, les rivalités persistantes entre l’Inde et la Chine, notamment en ce qui concerne le soutien chinois au Pakistan, limitent la portée de cette coopération.
La montée des tensions sous Xi Jinping et Narendra Modi
Sous les mandats des dirigeants actuels, Xi Jinping et Narendra Modi, les relations sino-indiennes ont connu une nouvelle détérioration. Les deux pays affichent des ambitions nationales fortes et cherchent à étendre leur influence régionale. Cela se traduit par une militarisation croissante des zones frontalières contestées et par des incidents récurrents entre les armées indienne et chinoise.
L’année 2020 a été marquée par un regain de violence à la frontière sino-indienne. En juin, un affrontement dans la région du Ladakh a causé la mort d’au moins 20 soldats indiens, aggravant encore davantage les tensions entre Pékin et New Delhi.
Face à ces défis, l’avenir des relations sino-indiennes demeure incertain. Si certains observateurs estiment que la nécessité d’une coopération économique mutuellement bénéfique pourrait inciter les deux pays à apaiser leurs différends, d’autres craignent que les rivalités géopolitiques et la montée des nationalismes ne conduisent à une escalade des tensions. Quoi qu’il en soit, l’évolution de ces relations aura des répercussions majeures sur la stabilité et le développement de l’Asie.