Un bijoutier aux assises pour avoir abattu son braqueur : un procès sous haute tension

Le procès d’un bijoutier qui a abattu son braqueur en 2013 s’ouvre aux assises cette semaine. Cette affaire soulève de nombreuses questions sur la légitime défense, les limites du droit à se protéger et les responsabilités des commerçants face à ce type de situation.

Les faits remontent au 11 septembre 2013

Le 11 septembre 2013, un homme armé fait irruption dans une bijouterie de la rue d’Angleterre à Nice et menace le propriétaire, Stéphan Turk, avec une arme de poing. Sous la menace, le bijoutier lui remet plusieurs bijoux. Le braqueur prend alors la fuite sur un scooter piloté par un complice. Stéphan Turk décide de sortir de sa boutique avec son arme et tire trois coups en direction du scooter, touchant mortellement le voleur.

Selon l’avocat du bijoutier, Me Franck De Vita, son client n’a fait que se défendre : « Il n’a pas tiré pour tuer mais pour mettre hors d’état de nuire ». Pourtant, l’enquête a révélé que deux des trois coups de feu ont été tirés alors que le braqueur était déjà à plus de 10 mètres de distance.

Une enquête complexe

L’enquête a rapidement montré que le braqueur, un jeune homme de 19 ans, était connu des services de police pour des faits de violence et de vol. Il portait également une arme factice lors du braquage, ce qui n’a pas manqué d’influer sur la perception de l’affaire par l’opinion publique.

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Le bijoutier, en revanche, n’avait pas le droit de détenir l’arme qu’il a utilisée pour tirer sur son agresseur. De plus, les expertises balistiques ont montré que les tirs étaient volontaires et non accidentels. Stéphan Turk est donc poursuivi pour homicide volontaire et encourt une peine pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité.

Un soutien populaire important

Dès le début de l’affaire, le bijoutier a bénéficié d’un soutien important de la part de nombreux Français qui estiment qu’il était en situation de légitime défense. Une page Facebook créée en sa faveur a ainsi recueilli plus de 1,6 million de « likes ». De nombreuses personnalités politiques se sont également exprimées en sa faveur, estimant que les commerçants doivent pouvoir se défendre face aux agressions.

Cependant, ce soutien ne fait pas l’unanimité et certaines voix s’élèvent pour rappeler que la justice doit être la seule à décider si Stéphan Turk est coupable ou non.

Le procès aux assises

Au cours du procès aux assises, le bijoutier devra répondre de ses actes et expliquer pourquoi il a tiré sur un homme qui prenait la fuite. La question centrale sera de déterminer si son geste peut être considéré comme un acte de légitime défense, ce qui pourrait lui éviter une condamnation pour homicide volontaire.

Les avocats du braqueur abattu, de leur côté, mettront en avant que leur client n’était pas armé d’une arme réelle et que le bijoutier n’avait donc pas à craindre pour sa vie.

Ce procès promet d’être particulièrement tendu et les débats s’annoncent houleux. Les jurés auront la lourde tâche de trancher entre deux visions diamétralement opposées de la légitime défense et des limites du droit à se protéger.

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Un verdict attendu avec impatience

Quelle que soit l’issue du procès, le verdict sera scruté avec attention par les Français. Certains y verront une confirmation ou une remise en question de la légitime défense, tandis que d’autres estimeront que cette affaire doit inciter les pouvoirs publics à renforcer la protection des commerçants face aux agressions.

Dans tous les cas, le procès du bijoutier de Nice met en lumière la complexité des situations auxquelles sont confrontés les commerçants lorsqu’ils sont victimes d’une agression. Il rappelle également que le droit à se défendre possède des limites qu’il convient de respecter pour ne pas basculer dans la justice privée.